Certains éléments de contenu facilitent la mise en scène en jeu de rôle. Pour cet article, j’aimerais aborder les contraintes et les habitudes des personnages.

  • Les contraintes sont des choses que le personnage est normalement tenu de faire : exercer son métier, répondre à son devoir, respecter les lois etc.
  • Les habitudes sont des choses que le personnage choisit de faire de façon routinière : aller au cinéma, voir ses amis, se perfectionner aux arts martiaux etc.

Souvent, ces choses-là sont prises en compte ne serait-ce qu’intuitivement pendant le jeu, mais lorsqu’on les fixe avant le début de la partie, cela permet de faciliter la préparation et l’improvisation des scènes.

Prenons un exemple

C’est en jouant à mon jeu Bienvenue à Poudlard que j’ai pris conscience de l’importance des contraintes et habitudes : les PJ sont des élèves dans une école de sorcellerie et ont donc beaucoup de devoirs et d’interdits.

Bienvenue à Poudlard

Contraintes Habitudes
Ils n’ont pas le droit de sortir de l’école Ils ont des loisirs (Quidditch, club d’échecs sorciers, club de bavboules etc.)
Ils n’ont pas le droit de sortir de leur dortoir après le couvre-feu Ils peuvent participer à des sorties scolaires
Ils doivent aller en cours Ils passent du temps avec leurs amis
Ils doivent faire leurs devoirs Des fêtes sont données à l’école
Ils peuvent avoir des punitions s’ils contreviennent au règlement Ils ont des récréations
Ils ont des heures d’études à la bibliothèque Ils ont des vacances
Ils mangent à heure fixe Ils ont des weekends
Ils mangent tous ensemble

Ces contraintes et habitudes sont d’importants facilitateurs pour l’improvisation, mais également pour préparer des scènes.

Si en tant que MJ, je veux faire combattre les PJ contre une créature, je n’ai qu’à décider qu’elle s’échappe de sa cage durant un cours (si c’est vraisemblable bien entendu) ou qu’elle rôde autour de l’école. Dans le cas où la créature survient pendant un cours que suivent les PJ, la rencontre peut être imposée aux joueurs sans que cela ne bride leur liberté, puisque la rencontre est liée à une contrainte admise par les joueurs : on est des élèves, on a donc des heures de cours obligatoire toute la semaine.

Si en tant que MJ, je lance une scène de rivalité entre élèves en impro, je peux décider que ça se passe dans l’intercours, ou pendant la récréation, pendant une heure d’étude à la bibliothèque, pendant un cours etc. Je n’ai que l’embarras du choix. Encore une fois, qu’un événement survienne dans un contexte routinier légitime le fait qu’il ne soit pas révélé suite aux actions des PJ initiées par les joueurs.

Bien entendu, Bienvenue à Poudlard se jouant dans l’univers d’Harry Potter, il y a bien plus de choses qui nous aident à stimuler notre imaginaire pendant une partie du jeu, mais ces éléments là me paraissent fondamentaux concernant la facilitation de mise en scène. Ils fonctionnent même avec les joueurs qui ne connaissent pas l’univers de Harry Potter.

Autres exemples de contraintes et habitudes

Contraintes Habitudes
Dogs in the Vineyard Les PJ doivent chasser le péché des villes qui leurs sont assignées Ils ont toutes sortes de rites
Ils doivent pratiquer les offices religieux et aider ceux qui leur demandent de l’aide Leur peuple ont des eus et coutumes spécifiques
Ils sont responsables de l’état dans lequel ils laissent les villes Ils sont généralement acclamés par les villes qui les reçoivent
Ils sont les garants de la loi divine Ils ont une marge de manœuvre dans leurs interprétation de ce qui est moral ou non
Polaris, chivalric tragedy at the utmost north Les chevaliers doivent protéger leur peuple Ils vivent dans les vestiges de la grande cité
Ils doivent combattre les démons Selon les saisons, leur rôle change et les activités de leur peuple également
Ils ont également des responsabilités à l’égard de leurs proches Ils voyagent souvent
Ils sont voués à mourir ou trahir leur peuple Les relations affectives et hiérarchiques ainsi que leurs ennemis ont une grande importance dans l’histoire
Ils sont aux ordres de leurs supérieurs

Pour conclure

Un jeu où l’on ne sait pas avant la création des PJ quelle activité ils exerceront, dans quel contexte, quelles sont les limitations, les lois etc. tendra à augmenter la difficulté à créer une compatibilité entre la préparation de la partie par le MJ (situation, scénario etc.) et la création des PJ.

Un jeu où l’on ne sait rien de la routine d’un personnage : son activité, ses habitudes etc. tendra à causer plus de difficultés pour démarrer les scènes en impro. En effet, si je sais que le PJ d’un autre joueur est détective, je peux le lancer sur les traces d’un criminel. Si je ne sais pas vraiment quelle est la routine de mon propre personnage, il y a des chances pour que je doive faire un effort supplémentaire pour cadrer sa scène. Si un autre participant (le MJ par exemple) doit cadrer une scène pour mon personnage, il doit en connaître assez sur lui pour ne pas trahir l’image que j’en ai. Il est bienvenu de me poser des questions pour en savoir plus sur mon personnage.

Cette réflexion vient en complément des articles Les trois dimensions et Le JDR est potentialité.

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